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spectacle, à en découvrir les épisodes sombres ou charmants, à chercher, enfin, dans ce monde inconnu, les impressions de voyage que les touristes opulents cherchent plus bas !

Neuf heures. Mais pourquoi donc mes voisins ailés n’ont-ils point encore picoré les miettes que je leur ai éparpillées devant ma croisée ? Je les vois s’envoler, revenir, se percher au faîtage des fenêtres, et pépier en regardant le festin qu’ils sont habituellement si prompts à dévorer ! Ce n’est point ma présence qui peut les effrayer ; je les ai accoutumés à manger dans ma main. D’où vient alors cette irrésolution craintive ? J’ai beau regarder, le toit est libre, les croisées voisines sont fermées. J’émiette le pain qui reste de mon déjeuner, afin de les attirer par un plus large banquet… Leurs pépiements redoublent ; ils penchent la tête ; les plus hardis viennent voler au-dessus, mais sans oser s’arrêter.

Allons, mes moineaux sont victimes de quelqu’une de ces sottes terreurs qui font baisser les fonds à la Bourse ! Décidément les oiseaux ne sont pas plus raisonnables que les hommes !