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Le gazouillement des moineaux m’appelle ; ils réclament les miettes que je sème pour eux chaque matin. J’ouvre ma fenêtre, et la perspective des toits m’apparaît dans toute sa splendeur.

Celui qui n’a habité que les premiers étages ne soupçonne point la variété pittoresque d’un pareil horizon. Il n’a jamais contemplé cet entrelacement de sommets que la tuile colore ; il n’a point suivi du regard ces vallées de gouttières où ondulent les frais jardins de la mansarde, ces grandes ombres que le soir étend sur les pentes ardoisées, et ce scintillement des vitrages qu’incendie le soleil couchant ! Il n’a point étudié la flore de ces Alpes civilisées que tapissent les lichens et les mousses ; il ne connaît point les mille habitants qui le peuplent, depuis l’insecte microscopique jusqu’au chat domestique, ce renard des toits, toujours en quête ou à l’affût ; il n’a point assisté enfin à ces mille aspects du ciel brumeux ou serein ; à ces mille effets de lumières, qui font de ces hautes régions un théâtre aux décorations toujours changeantes ! Que de fois mes jours de repos se sont écoulés à contempler ce merveilleux