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la veille, on cherche en vain le calme, et l’on s’arrête au bord de l’activité. Les deux tiers de l’existence humaine se consument à hésiter, et le dernier tiers à s’en repentir.

Quand je dis l’existence humaine, il faut entendre la mienne ! Nous sommes ainsi faits que chacun de nous se regarde comme le miroir de la société ; ce qui se passe dans notre cœur nous paraît infailliblement l’histoire de l’univers. Tous les hommes ressemblent à l’ivrogne qui annonce un tremblement de terre, parce qu’il se sent chanceler.

Et pourquoi suis-je incertain et inquiet, moi, pauvre journalier du monde, qui remplis dans un coin ma tâche obscure, et dont on utilise l’œuvre sans prendre garde à l’ouvrier ? Je veux vous le dire à vous, ami invisible, pour qui ces lignes sont écrites ; frère inconnu que les solitaires appellent dans leurs angoisses, confident idéal auquel s’adressent tous les monologues, et qui n’êtes que le fantôme de notre propre conscience.

Un grand événement est survenu dans ma vie ! Au milieu de la route monotone que je parcourais tranquillement et sans y penser, un carrefour