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vieux fauteuil, les pieds en espalier devant un feu flambant, l’oreille caressée par le gazouillement de la cafetière qui semble causer avec mes chenets, l’odorat doucement excité par les effluves de la fève arabique, et les yeux à demi-voilés sous mon bonnet rabattu, il me semble souvent que chaque flocon de la vapeur odorante prend une forme distincte : j’y vois tour à tour, comme dans les mirages du désert, les différentes images dont mes souhaits voudraient faire des réalités.

D’abord la vapeur grandit, se colore, et j’aperçois une maisonnette au penchant d’une colline. Derrière s’étend un jardin enclos d’aubépines, et que traverse un ruisseau aux bords duquel j’entends bourdonner les ruches.

Puis le paysage grandit encore. Voici des champs plantés de pommiers où je distingue une charrue attelée qui attend son maître. Plus loin, au coin du bois qui retentit des coups de la cognée, je reconnais la hutte du sabotier, recouverte de gazon et de copeaux.

Et au milieu de tous ces tableaux rustiques, il me semble voir comme une représentation de