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vous en quête du plaisir ! trouvez-nous des divertissements sans brutalité, des jouissances sans égoïsme ; inventez enfin un carnaval qui soit plaisant à tout le monde et qui ne fasse honte à personne.

Trois heures. Je viens de refermer ma fenêtre ; j’ai ranimé mon feu. Puisque c’est fête pour tout le monde, je veux que ce le soit aussi pour moi. J’allume la petite lampe sur laquelle, aux grands jours, je prépare une tasse de ce café que le fils de ma portière a rapporté du Levant, et je cherche, dans ma bibliothèque, un de mes auteurs favoris.

Voici d’abord l’amusant curé de Meudon ; mais ses personnages parlent trop souvent le langage des halles ; — Voltaire ; mais en raillant toujours les hommes, il les décourage. — Molière ; mais il vous empêche de rire à force de vous faire penser. — Lesage !… arrêtons-nous à lui. Profond plutôt que grave, il prêche la vertu en faisant rire des vices ; si l’amertume est parfois dans l’inspiration, elle s’enveloppe toujours de gaîté ; il voit les misères du monde sans le mépriser, et connaît ses lâchetés sans le haïr.