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je lui tends la main avec un sourire de reconnaissance.

— Adieu, chère année, que j’accusais injustement tout à l’heure ! Ce que j’ai souffert ne doit pas t’être imputé, car tu n’as été qu’un espace où Dieu a tracé ma route, une terre où j’ai recueilli la moisson que j’avais semée. Je t’aimerai, abri de passage, pour les quelques heures de joie que tu m’as vu goûter ; je t’aimerai même pour les souffrances que tu m’as vu subir. Joies ni souffrances ne venaient de toi, mais tu en as été le théâtre. Retombe donc en paix dans l’éternité et sois bénie, toi qui, en remplacement de la jeunesse, me laisses l’expérience, en retour du temps le souvenir, et en paiement du bienfait la reconnaissance.