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occasions. J’ai voulu la remercier ; mais l’excellente femme m’a imposé silence sous prétexte que le docteur m’avait défendu de parler. Je l’ai vue tout ranger dans mes tiroirs, dont l’aspect m’a frappé: une main attentive y a évidemment réparé, jour par jour, les désordres inévitables qu’entraîne la maladie.

Comme elle achevait, Geneviève est arrivée avec mon dîner ; elle était suivie de la mère Denis, la laitière de vis-à-vis, qui avait appris, en même temps, le danger que j’avais couru et mon entrée en convalescence. La bonne Savoyarde apportait un œuf qui venait d’être pondu et qu’elle voulait me voir manger elle-même.

Il a fallu lui raconter, de point en point, toute ma maladie. À chaque détail, elle poussait des exclamations bruyantes ; puis, sur l’avertissement de la portière, elle s’excusait tout bas. On a fait cercle autour de moi pour me regarder dîner ; toutes les bouchées étaient accompagnées décris de contentement et de bénédiction ! Jamais le roi de France, quand il dînait en public, n’a excité, parmi les spectateurs, une telle admiration.