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Au-dessous de moi, le long d’un de ces sentiers qui tournent en spirale pour gravir le coteau, montaient un homme et une jeune fille sur lesquels mes yeux s’arrêtèrent. L’homme avait un paletot à longs poils qui lui donnait quelque ressemblance avec une bête fauve, et portait une grosse canne dont il se servait pour décrire dans l’air d’audacieuses arabesques. Il parlait très-haut, d’une voix qui me parut saccadée par la colère. Ses yeux, levés par instant, avaient une expression de dureté farouche, et il me sembla qu’il adressait à la jeune fille des reproches ou des menaces qu’elle écoutait avec une touchante résignation. Deux ou trois fois elle hasarda quelques paroles sans doute un essai de justification ; mais l’homme au paletot recommençait aussitôt avec ses éclats de voix convulsifs, ses regards féroces et ses moulinets menaçants. Je le suivis des yeux, cherchant en vain à saisir un mot au passage, jusqu’au moment où il disparut derrière la colline.

Evidemment je venais de voir un de ces tyrans domestiques dont l’humeur insociable s’exalte par la patience de la victime, et qui, pouvant être les