de l’été de la vie, tu as méchamment semé les orties de vieillesse.
Et comme si ce n’était pas assez d’avoir affaibli mon corps, tu as aussi amoindri mon âme ; tu as éteint en elle les enthousiasmes ; elle est devenue plus paresseuse et plus craintive. Autrefois ses regards embrassaient généreusement l’humanité entière, tu l’as rendue myope et elle voit maintenant à peine au-delà d’elle-même.
Voilà ce que tu as fait de mon être : quant à ma vie, regarde à quelle tristesse, à quel abandon, à quelles misères tu l’as réduite !
Depuis tant de jours que la fièvre me retient cloué sur ce lit, qui a pris soin de cet intérieur où je mettais ma joie ? Ne vais-je point trouver mes armoires vides, ma bibliothèque dégarnie, toutes mes pauvres richesses perdues par la négligence ou l’infidélité? Où sont les plantes que je cultivais, les oiseaux que j’avais nourris ? Tout a disparu ! ma mansarde est défleurie, muette, solitaire !
Revenu seulement depuis quelques instants à la conscience de ce qui m’entoure, j’ignore même qui m’a veillé pendant ces longues souffrances.