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la pâleur d’une sublime agonie. Revêtue de draperies de mille couleurs où se jouaient les teintes les plus joyeuses et les plus sombres, elle tenait à la main une couronne effeuillée.

Après l’avoir contemplée quelques instants, je lui ai demandé son nom et ce qu’elle faisait dans ma mansarde. Ses yeux, qui suivaient l’aiguille de la pendule, se sont tournés de mon côté, et elle a répondu :

— Tu vois en moi l’année qui va finir ; je viens recevoir tes remercîments et tes adieux.

Je me suis dressé sur mon coude avec une surprise qui a bientôt fait place à un amer ressentiment.

— Ah ! tu veux être remerciée, me suis-je écrié; mais voyons pour cela ce que tu m’as apporté!

Quand j’ai salué ta venue, j’étais encore jeune et vigoureux ! tu m’as retiré, chaque jour, quelque peu de mes forces, et tu as fini par m’envoyer la maladie ! Déjà, grâce à toi, mon sang est moins chaud, mes muscles sont moins fermes, mes pieds moins prompts. Tu as déposé dans mon sein tous les germes des infirmités ; là où croissaient les fleurs