Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/235

Cette page n’a pas encore été corrigée

providence si doux quand Dieu vous aide, si cruel quand il vous abandonne. La femme est toujours forte ; mais elle est inquiète ; elle ne chante plus !

Encore quelques années et tout s’est assombri. La vigueur du chef de famille s’est brisée ; sa femme le voit languir devant le foyer éteint ; le froid et la faim achèvent ce que la maladie avait commencé; il meurt, et, près du cercueil fourni par la charité, la veuve s’asseoit à terre, pressant dans ses bras deux petits enfants demi-nus. Elle a peur de l’avenir, elle pleure et elle baisse la tête.

Enfin, l’avenir est venu ; les enfants ont grandi, mais ne sont plus là. Le fils combat l’ennemi sous les drapeaux, et sa sœur est partie. Tous deux sont perdus pour bien longtemps ; pour toujours peut-être ; et la forte jeune fille, la vaillante femme, la courageuse mère n’est désormais qu’une vieille mendiante sans famille et sans abri ! elle ne pleure plus, la douleur l’a domptée ; elle se résigne et attend la mort.

La mort, amie fidèle des misérables ! elle est arrivée, non pas horrible et railleuse, comme la