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ensemble de détails sauvages, et était forcé d’y reconnaître l’expression d’une nature inférieure ou les éléments d’une funeste influence.

Je repartis le jour même, sans avoir pu rien apprendre sur le paysan, ni sur ses fils ; mais le souvenir de la ferme resta profondément gravé dans ma mémoire.

Dix années plus tard, je traversais en diligence le département du Loiret. Penché à une des portières, je regardais des taillis nouvellement soumis à la culture, dont un de mes compagnons de voyage m’expliquait le défrichement, lorsque mon œil s’arrêta sur un mur d’enceinte percé d’une porte à claire-voie. Au fond s’élevait une maison dont tous les volets étaient clos et que je reconnus sur-le-champ ; c’était la ferme où j’avais été reçu ! Je la montrai vivement à mon compagnon, en lui demandant qui l’habitait.

— Personne pour le moment, me répondit-il.

— Mais n’a-t-elle point été tenue, il y a quelques années, par un homme et ses deux fils ?

— Les Turreau, dit mon compagnon de route en me regardant ; vous les avez connus ?