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même. Il raconta comment il s’était égaré, et apprit du paysan qu’il suivait la route de Pithiviers. Montargis se trouvait à trois lieues derrière lui.

Le brouillard s’était insensiblement transformé en une bruine qui commençait à transpercer le jeune clerc ; il parut s’effrayer de la distance qui lui restait à parcourir, et le cavalier, qui vit son hésitation, lui proposa d’entrer à la ferme.

Celle-ci avait un faux air de forteresse. Enveloppée d’un mur de clôture assez élevé, elle ne se laissait apercevoir qu’à travers les barreaux d’une grande porte à claire-voie soigneusement fermée. Le paysan, qui était descendu de cheval, ne s’en approcha point ; tournant à droite, il gagna une autre entrée également close, mais dont il avait la clef.

À peine eut-il franchi le seuil, que des aboiements terribles retentirent aux deux extrémités de la cour. Le fermier avertit son hôte de ne rien craindre, et lui montra les chiens enchaînés dans leurs niches ; tous deux étaient d’une grandeur extraordinaire, et tellement féroces, que la vue du maître lui-même ne put les apaiser.