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prouva que j’attendais une histoire, et il me la raconta sans difficulté.

À cette époque, il n’était encore que troisième clerc chez un notaire d’Orléans. Le patron l’avait envoyé à Montargis pour différentes affaires, et il devait y reprendre la diligence le soir même, après avoir fait un recouvrement dans un bourg voisin : mais, arrivé chez le débiteur, on le fit attendre, et lorsqu’il put partir, le jour était déjà tombé.

Craignant de ne pouvoir regagner assez tôt Montargis, il prit une route de traverse qu’on lui indiqua. Par malheur, la brume s’épaississait de plus en plus, aucune étoile ne brillait dans le ciel ; l’obscurité devint si profonde qu’il perdit son chemin. Il voulut retourner sur ses pas, croisa vingt sentiers, et se trouva enfin complétement égaré.

Après la contrariété de manquer le passage de la diligence, vint l’inquiétude sur sa situation. Il était seul, à pied, perdu dans une forêt, sans aucun moyen de retrouver sa direction, et porteur d’une somme assez forte dont il avait accepté la responsabilité. Son inexpérience augmentait ses angoisses. L’idée de forêt était liée, dans son souvenir, à