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même sous le tuf, voyez-vous, j’avais gardé ma gloriole. L’idée que je travaillais, pour ma part, à changer les roches en maisons, me flattait intérieurement. Je me disais tout bas :

— Courage, Chaufour, mon vieux, tu aides à embellir ta patrie.

Et ça me soutenait le moral.

Malheureusement, j’avais parmi mes compagnons des citoyens un peu trop sensibles aux charmes du cognac ; si bien qu’un jour, l’un d’eux, qui voyait sa main gauche à droite, s’avisa de battre le briquet près d’une mine chargée : la mine prit feu sans dire gare, et nous envoya une mitraille de cailloux qui tua trois hommes et emporta le bras dont il ne me reste plus que la manche.

— Ainsi, vous étiez de nouveau sans état ? dis-je au vieux soldat.

— C’est-à-dire qu’il fallait en changer, reprit-il tranquillement. Le difficile était d’en trouver un qui se contentât de cinq doigts au lieu de dix ; je le trouvai pourtant.

— Où cela ?