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avons défendus avec la poudre et la baïonnette.

— Et au prix de vos membres et de votre sang ; le bourgeois l’a dit en voyant ce corps mutilé: Voilà à quoi sert la gloire !

— Ne le crois pas, mon fils ; la vraie gloire est le pain du cœur ; c’est elle qui nourrit le dévouement, la patience, le courage ! Le maître de tout l’a donnée comme un lien de plus entre les hommes. Vouloir être remarqué par ses frères, n’est-ce pas encore leur prouver notre estime et notre sympathie ? Le besoin d’admiration n’est qu’un des côtés de l’amour. Non, non, la gloire juste n’est jamais trop payée ! Ce qu’il faut déplorer, enfant, ce ne sont pas les infirmités qui constatent un généreux sacrifice ; mais celles qu’ont appelées nos vices ou nos imprudences. Ah ! si je pouvais parler haut à ceux qui me jettent, en passant, un regard de pitié, je crierais à ce jeune homme, dont les excès ont obscurci la vue avant l’âge : — Qu’as-tu fait de tes yeux ? À l’oisif qui traîne, avec effort, sa masse énervée : — Qu’as-tu fait de tes pieds ? Au vieillard que la goutte punit de son intempérance : — Qu’as-tu fait de tes mains ! À tous : — Qu’avez-vous