Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/193

Cette page n’a pas encore été corrigée

— C’est-à-dire que je n’y songeais pas. Je travaillais alors dans la bimbeloterie, sans penser que la France pût me demander autre chose que de lui fabriquer des damiers, des volants et des bilboquets. Mais j’avais à Vincennes un vieil oncle que j’allais voir, de loin en loin ; un ancien de Fontenoy, arrangé dans mon genre, mais un savant qui en eût remontré à des maréchaux. Malheureusement, dans ce temps-là, il paraît que les gens de rien n’arrivaient pas à la vapeur. Mon oncle, qui avait servi de manière à être nommé prince sous l’autre, était alors retraité comme simple sous-lieutenant. Mais fallait le voir avec son uniforme, sa croix de Saint-Louis, sa jambe de bois, ses moustaches blanches et sa belle figure !… On eût dit un portrait de ces vieux héros en cheveux poudrés qui sont à Versailles !

Toutes les fois que je le visitais, il me disait des choses qui me restaient dans l’esprit. Mais un jour je le trouvai tout sérieux.

— Jérôme, me dit-il, sais-tu ce qui se passe à la frontière ?

— Non, lieutenant, que je lui réponds.