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nos mansardes ? Combien de compagnons de quelques jours disparus pour jamais ! Les uns sont allés se perdre dans cette mêlée de vivants qui tourbillonne sous le fouet de la nécessité; les autres dans cette litière de morts qui dorment sous la main de Dieu !

Pierre le relieur est un de ces derniers. Retiré dans son égoïsme, il était resté sans famille, sans amis ; il est mort seul comme il avait vécu. Sa perte n’a été pleurée de personne, n’a rien dérangé dans le monde ; il y a eu seulement une fosse remplie au cimetière, et une mansarde vide dans notre faubourg.

C’est elle que mon nouveau voisin occupe depuis quelques jours.

À vrai dire (maintenant que je suis tout à fait réveillé et que ma mauvaise humeur est allée rejoindre mon bonnet), à vrai dire, ce nouveau voisin, pour être plus matinal qu’il ne conviendrait à ma paresse, n’en est pas moins un fort brave homme ; il porte sa misère, comme bien peu savent porter leur heureuse fortune, avec gaieté et modération.