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douceur dans ces joies toujours partagées, dans cette communauté d’intérêts qui confond les sensations, dans cette association d’existences qui de plusieurs êtres forme un seul être ! qu’est-ce que l’homme sans ces affections du foyer qui, comme autant de racines, le fixent solidement à la terre et lui permettent d’aspirer tous les sucs de la vie ? Force, bonheur, tout ne vient-il point de là? Sans la famille, où l’homme apprendrait-il à aimer, à s’associer, à se dévouer ? Société en petit, n’est-ce point elle qui nous enseigne à vivre dans la grande ? Telle est la sainteté du foyer que, pour exprimer nos rapports avec Dieu, nous avons dû emprunter les mots inventés pour la famille. Les hommes se sont nommés eux-mêmes les fils du Père suprême !

Ah ! conservons-les, ces chaînes de l’intimité domestique ; ne délions pas la gerbe humaine pour livrer ses épis à tous les caprices du hasard et du vent ; mais élargissons plutôt cette sainte loi, transportons les habitudes de la famille au-dehors, et réalisons, s’il se peut, le vœu de l’apôtre des gentils, quand il criait aux nouveaux enfants du Christ : Soyez tous ensemble comme si vous étiez un seul !