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ses confidences en me parlant d’un fonds de menuiserie qu’il avait espéré acquérir et exploiter avec l’aide de Robert. Le maître actuel s’y était enrichi : après trente années d’activité, il songeait à se retirer dans un de ces cottages fleuris de la banlieue, retraites ordinaires du travailleur économe que le hasard a servi. À la vérité, les deux mille francs qui devaient être payés comptant manquaient à Michel ; mais peut-être eût-il décidé maître Benoît à attendre ; la présence de Robert eût été pour lui une garantie ; car le jeune homme ne pouvait manquer de faire prospérer un atelier ; outre la science et l’adresse, il avait l’imagination qui découvre ou perfectionne. Son père avait surpris, dans ses dessins, une nouvelle coupe d’escalier qui le préoccupait depuis longtemps, et le soupçonnait même de n’avoir traité avec l’entrepreneur de Versailles que pour l’exécuter. Le jeune garçon était tourmenté par ce génie de l’invention qui s’empare de la vie tout entière, et, livré aux calculs de l’intelligence, il n’avait point le loisir d’écouter son cœur.

Michel me raconte tout cela avec un mélange