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Pendant que je repassais ainsi mes souvenirs ; Michel était arrivé et s’occupait de poser les étagères à l’endroit indiqué.

Tout en écrivant les notes de mon journal, je me suis mis à examiner le menuisier.

Les excès de la jeunesse et le travail de l’âge mûr ont profondément sillonné son visage ; les cheveux sont rares et grisonnants, les épaules courbées, les jambes amaigries et légèrement ployées. On sent, dans tout son être, une sorte d’affaissement. Les traits eux-mêmes ont une expression de tristesse découragée. Il répond à mes questions par monosyllabes et comme un homme qui veut éviter l’entretien. D’où peut venir cet abbattement quand il semble devoir être au terme de ses désirs ? Je veux le savoir !…

Dix heures. — Michel vient de redescendre pour chercher un outil qui lui manquait. J’ai enfin réussi à lui arracher le secret de sa tristesse et de celle de Geneviève. Leur fils Robert en est cause !

Non qu’il ait mal répondu à leurs soins, qu’il soit paresseux ou libertin ; mais tous deux espéraient qu’il ne les quitterait plus ! La présence du