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dormir le moutard ! Donne, Geneviève, je vas le mettre au lit.

Et prenant le nourrisson des bras de la mère, il le porta d’un pas ferme à son berceau.

Il fut facile de remarquer le changement qui se fit dans Michel à partir de cette journée. Toutes les vieilles relations de débauche furent rompues. Partant pour le travail dès le matin, il revenait régulièrement chaque soir pour finir le jour avec Geneviève et Robert. Bientôt même, il ne voulut plus les quitter, il loua une boutique près de la fruiterie et y travailla pour son compte.

L’aisance serait revenue à la maison sans les dépenses que nécessitait l’enfant. Tout était sacrifié à son éducation. Il avait suivi les écoles, étudié les mathématiques, le dessin, la coupe des charpentes, et ne commençait à travailler que depuis quelques mois. Jusqu’ici le laborieux ménage avait donc épuisé ses ressources à lui préparer une place d’élite dans sa profession ; mais, par bonheur, tant d’efforts n’étaient point inutiles ; la semence avait porté ses fruits, et l’on touchait aux jours de la moisson…