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le nourrisson ; mais il vacillait. La nourrice s’approcha exaspérée.

— Mon argent ou j’emporte le petit ! s’écria-t-elle ; c’est moi qui l’ai nourri et élevé: si vous ne payez pas ce qui l’a fait vivre, il doit être pour vous comme s’il était mort. Je ne m’en irai pas sans avoir mon dû ou le nourrisson.

— Et qu’en voulez-vous faire ? murmura Geneviève qui serrait Robert contre son sein.

— Un enfant trouvé! répliqua durement la paysanne ; l’hospice est un meilleur parent que vous, car il paye pour les petits qu’on lui nourrit.

Au mot d’enfant trouvé, Geneviève avait poussé un cri d’horreur. Les bras enlacés autour de son fils dont elle cachait la tête dans sa poitrine, et les deux mains étendues sur lui, elle avait reculé jusqu’au mur et s’y tenait adossée comme une lionne défendant ses petits. La voisine et moi contemplions cette scène sans savoir par quel moyen nous entremettre. Quant à Michel, il nous regardait alternativement, en faisant un visible effort pour comprendre. Lorsque son œil s’arrêtait sur Geneviève