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me plaignant de n’avoir rien à donner ; grâce à moi, les moineaux du quartier auront leurs étrennes !

Midi. On frappe à ma porte ; une pauvre fille entre et me salue par mon nom. Je ne la reconnais point au premier abord ; mais elle me regarde, sourit… Ah ! c’est Paulette !… Mais depuis près d’une année que je ne l’avais vue, Paulette n’est plus la même : l’autre jour c’était une enfant, aujourd’hui c’est presque une jeune fille.

Paulette est maigre, pâle, misérablement vêtue ; mais c’est toujours le même œil bien ouvert et regardant droit devant lui, la même bouche souriant à chaque mot, comme pour solliciter votre amitié, la même voix un peu timide et pourtant caressante. Paulette n’est point jolie, elle passe même pour laide : moi je la trouve charmante.

Peut-être n’est-ce point à cause de ce qu’elle est, mais à cause de moi. Paulette m’apparaît à travers un de mes meilleurs souvenirs.

C’était le soir d’une fête publique. Les illuminations faisaient courir leurs cordons de feu le long de nos monuments ; mille banderoles flottaient aux