Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/158

Cette page n’a pas encore été corrigée

» Ne t’inquiète pas de ma santé, bon Jacques, jamais je ne me suis mieux portée ! je ne vieillis pas du tout de peur de te faire du chagrin. Rien ne me manque et je vis comme une propriétaire. J’ai même eu cette année de l’argent de trop, et, comme mes tiroirs ferment très-mal, je l’ai placé à la caisse d’épargne, où j’ai pris un livret en ton nom. Ainsi, quand tu reviendras, tu te trouveras dans les rentiers. J’ai aussi garni ton armoire de linge neuf, et je t’ai tricoté trois nouveaux gilets pour le bord.

» Toutes tes connaissances se portent bien. Ton cousin est mort en laissant sa veuve dans la peine. J’ai dit que tu m’avais écrit de lui remettre les trente francs que j’avais touchés sur ta délégation, et la pauvre femme se souvient de toi, matin et soir, dans ses prières. Tu vois que c’est là un placement à une autre caisse d’épargne ; mais celle-ci, c’est notre cœur qui en reçoit les intérêts.

» Au revoir, cher Jacquot ; écris-moi souvent, et rappelle-toi toujours le bon Dieu et ta vieille maman.

» Phrosine Millot, née Fraisois. »