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me faire lire une lettre de son fils, le marin, et me prier de lui répondre.

J’ai gardé la première pour la copier sur mon journal. La voici :

« Chère mère,

» La présente est pour vous dire que j’ai toujours été bien portant depuis la dernière fois, sauf que la semaine passée j’ai manqué de me noyer avec le canot, ce qui aurait été une grande perte, vu qu’il n’y a pas de meilleure embarcation.

» Nous avons capoté par un coup de vent ; et juste comme je revenais sur l’eau, j’ai aperçu le commandant qui allait dessous ; je l’ai suivi, comme c’était mon devoir, et, après avoir plongé trois fois je l’ai ramené à flot, ce qui lui a fait bien plaisir ; car, quand on nous a eu hissés à bord et qu’il a repris son esprit, il m’a sauté au cou, comme il eût fait à un officier.

» Je ne vous cache pas, chère mère, que ça m’a flatté le cœur. Mais c’est pas tout ; il paraît que d’avoir repêché le capitaine, ça a rappelé que j’étais un homme solide, et on vient de m’apprendre que je passais matelot à trente, ou autrement dit de