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Cette pauvre moisson égarée sur les toits, et dont profiteront les passeraux du voisinage, a reporté ma pensée vers les riches récoltes qui tombent aujourd’hui sous la faucille ; elle m’a rappelé les belles promenades que je faisais, enfant, à travers les campagnes de ma province, quand les aires des métairies retentissaient de toutes parts sous les fléaux des batteurs, et que par tous les chemins arrivaient les chariots chargés de gerbes dorées. Je me souviens encore des chants des jeunes filles, de la sérénité des vieillards, de l’expansion joyeuse des laboureurs. Il y avait, ce jour-là, dans leur aspect, quelque chose de fier et d’attendri. L’attendrissement venait de la reconnaissance pour Dieu, la fierté de cette moisson, récompense du travail. Ils sentaient confusément la grandeur et la sainteté de leur rôle dans l’œuvre générale ; leur regards, orgueilleusement promenés sur ces montagnes d’épis, semblaient dire : — Après Dieu c’est nous qui nourrissons le monde !

Merveilleuse entente de toutes les activités humaines ! Tandis que le laboureur, attaché à son