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qui forme les nations ? Ne vaudrait-il point mieux pour tous rentrer dans le sein fécond de la nature et y vivre de ses largesses, dans le repos de la liberté?

10 août, quatre heures du matin. — L’aube rougit les rideaux de mon alcôve ; la brise m’apporte les senteurs des jardins qui fleurissent au-dessous de la maison ; me voici encore accoudé à ma fenêtre, respirant la fraîcheur et la joie de ce réveil du jour.

Mon regard se promène toujours avec le même plaisir sur les toits pleins de fleurs, de gazouillements et de lumière ; mais aujourd’hui il s’est arrêté sur l’extrémité du mur en arc-boutant qui sépare notre maison de celle du voisin : les orages ont dépouillé la cime de son enveloppe de plâtre ; la poussière emportée par le vent s’est entassée dans les interstices, les pluies l’y ont fixée et en ont fait une sorte de terrasse aérienne où verdissent quelques herbes. Parmi elles se dresse le chalumeau d’une tige de blé, aujourd’hui couronnée d’un maigre épi qui penche sa tête jaunâtre.