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montre sans providence, livrée à toutes les iniquités du hasard.

J’étais aujourd’hui dans ces tristes dispositions. Après une longue promenade dans les faubourgs, j’étais rentré malheureux et découragé.

Tout ce que j’avais aperçu semblait accuser la civilisation dont nous sommes si fiers ! Égaré dans une petite rue de traverse qui m’était inconnue, je me suis trouvé, tout à coup, au milieu de ces affreuses demeures où le pauvre naît, languit et meurt. J’ai regardé ces murs lézardés que le temps a revêtus d’une lèpre immonde ; ces fenêtres où sèchent des lambeaux souillés ; ces égouts fétides qui serpentent le long des façades cornue de venimeux reptiles !… mon cœur s’est serré et j’ai pressé le pas.

Un peu plus loin, il a fallu s’arrêter devant le corbillard de l’hôpital ; un mort, cloué dans sa bière de sapin, gagnait sa dernière demeure sans ornements funèbres, sans cérémonies et sans suite. Il n’y avait pas même ici ce dernier ami des abandonnés, le chien qu’un artiste a donné pour cortége au convoi du pauvre ! Celui qu’on se disposait à