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pied du perron. Ce sont sans doute les étrennes offertes par le mari à la maîtresse de l’hôtel ; car elle vient elle-même examiner le nouvel équipage. Elle y monte bientôt avec une petite fille ruisselante de dentelles, de plumes, de velours, et chargée de cadeaux qu’elle va distribuer en étrennes. La portière est refermée, les glaces se lèvent la voiture part.

Ainsi tout le monde fait aujourd’hui un échange de bons désirs et de présents ; moi seul je n’ai rien à donner ni à recevoir. Pauvre solitaire, je ne connais pas même un être préféré pour lequel je puisse former des vœux.

Que mes souhaits d’heureuse année aillent donc chercher tous les amis inconnus, perdus dans cette multitude qui bruit à mes pieds !

À vous d’abord, ermites des cités, pour qui la mort et la pauvreté ont fait une solitude au milieu de la foule ! travailleurs mélancoliques condamnés à manger, dans le silence et l’abandon, le pain gagné chaque jour, et que Dieu a sevrés des enivrantes angoisses de l’amour ou de l’amitié !

À vous, rêveurs émus qui traversez la vie, les