Page:Souvestre - Un philosophe sous les toits, 1854.djvu/139

Cette page n’a pas encore été corrigée

Son orgueil a été flatté par le succès ! Combien a-t-il été blessé de fois par la satire ! Et, croyez-le bien, l’orgueil humain ressemble toujours au Sybarite que le pli d’une feuille de rose empêchait de dormir. L’activité d’un esprit vigoureux dont le monde profite, tourne presque toujours contre celui qui le posséde. Il en devient plus exigeant avec la vie ; l’idéal qu’il poursuit le désenchante sans cesse de la réalité; il ressemble à l’homme dont la vue serait trop subtile, et qui dans le plus beau visage, apercevrait des taches et des rugosités. Je ne vous parle point des tentations plus fortes, des chutes plus profondes. Le génie, avez-vous dit, est une royauté! mais quel honnête homme n’a peur d’être roi ? qui ne sent que pouvoir beaucoup, c’est, avec notre faiblesse et nos emportements, se préparer à beaucoup faillir ! Croyez-moi, monsieur, n’admirez ni n’enviez le malheureux qui a écrit ce livre ; mais si vous avez un cœur sensible, plaignez-le !

Mon père, étonné de l’entraînement avec lequel son compagnon avait prononcé ces derniers mots, ne savait que répondre.