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qui les dominent ! On veut se faire honneur de son maître : on l’élève sur ses épaules comme sur un piédestal ; on l’entoure de rayons afin d’en recevoir quelques reflets. C’est toujours la fable du chien qui accepte la chaîne et le collier, pourvu qu’ils soient d’or.

Cette vanité de la servitude n’est ni moins naturelle ni moins commune que celle de la domination. Quiconque se sent incapable de commander veut au moins obéir à un chef puissant. On a vu des serfs se regarder comme déshonorés, parce qu’ils devenaient la propriété d’un simple comte, après avoir été celle d’un prince, et Saint-Simon parle d’un valet de chambre qui ne voulait servir que des marquis.

Le 7, huit heures du soir. — Je suivais tout à l’heure le boulevard ; c’était jour d’Opéra, et la foule des équipages se pressait dans la rue Lepelletier. Les promeneurs arrêtés sur le trottoir en reconnaissaient quelques-uns au passage, et prononçaient certains noms : c’était ceux d’hommes célèbres ou puissants qui se rendaient au succès du jour !