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gloire, comme on garde celui d’un ancêtre fameux ou d’un bienfaiteur.

C’est qu’en effet les dons naturels accordés à un seul ne sont point un avantage individuel, mais un présent fait à la terre ; tout le monde en hérite, car tout le monde souffre ou profite de ce qu’il a accompli. Le génie est un phare destiné à éclairer au loin ; l’homme qui le porte n’est que le rocher sur lequel ce phare a été élevé.

J’aime à m’arrêter à ces idées ; elles m’expliquent l’admiration pour la gloire. Quand elle a été bienfaisante, c’est de la reconnaissance, quand elle n’a été qu’extraordinaire, c’est un orgueil de race : hommes, nous aimons à immortaliser les délégués les plus éclatants de l’humanité.

Qui sait si, en acceptant des puissants, nous n’avons pas obéi à la même inspiration ? À part les nécessités de la hiérarchie ou les conséquences de la conquête, les foules se plaisent à entourer leurs chefs de priviléges ; soit qu’elles mettent leur vanité à agrandir ainsi une de leurs œuvres, soit qu’elles s’efforcent de cacher l’humiliation de la dépendance en exagérant l’importance de ceux