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eût fondu toutes les glaces de ce cœur engourdi.

Délivré dès lors de l’embarras du secret, le petit bossu put donner plus d’efficacité à ses bienfaits. Toinette devint pour lui une sœur aux besoins de laquelle il eut droit de veiller. Depuis la mort de sa mère, c’était la première fois qu’il pouvait mêler quelqu’un à sa vie. La jeune fille recevait ses soins avec une sensibilité réservée. Tous les efforts de Maurice ne pouvaient dissiper son fond de tristesse : elle paraissait touchée de sa bonté; elle le lui exprimait parfois avec effusion ; mais là s’arrêtaient ses confidences. Penché sur ce cœur fermé, le petit bossu ne pouvait y lire. À la vérité, il s’y appliquait peu : tout entier au bonheur de n’être plus seul, il acceptait Toinette telle que ses longues épreuves l’avaient faite ; il l’aimait ainsi et ne souhaitait autre chose que de conserver sa compagnie.

Insensiblement cette idée s’empara de son esprit jusqu’à y effacer tout le reste. La jeune fille était sans famille ainsi que lui ; l’habitude avait adouci à ses yeux la laideur du bossu ; elle semblait le