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sans distraction. Sa langueur avait touché Maurice ; il essaya de lui parler ; elle répondit avec douceur, mais brièvement. Il était aisé de voir que son silence et sa solitude lui étaient plus chers que la bienveillance du petit bossu ; il se le tint pour dit et redevint muet.

Mais l’aiguille de Toinette la nourrissait à grand’peine ; bientôt le travail s’arrêta ! Maurice apprit que la jeune fille manquait de tout et que les fournisseurs refusaient de lui faire crédit. Il courut aussitôt chez ces derniers et s’engagea à leur payer secrètement ce qu’ils donneraient à Toinette.

Les choses allèrent ainsi pendant plusieurs mois. Le chômage continuait pour la jeune couturière qui finit par s’effrayer des obligations qu’elle contractait envers les marchands. Elle voulut s’en expliquer avec eux, et, dans cette explication, tout se découvrit.

Son premier mouvement fut de courir chez l’oncle Maurice pour le remercier à genoux. Sa froideur habituelle avait fait place à un inexprimable attendrissement ; il semblait que la reconnaissance