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Aucun autre employé ne montrait autant de probité, de zèle et d’intelligence ; mais ceux qui auraient pu faire valoir ses services se sentaient repoussés par sa difformité. Privé de protecteurs, il vit toujours ses droits méconnus. On lui préférait ceux qui avaient su plaire, et, en lui laissant l’humble emploi qui le faisait vivre, on semblait lui faire grâce. L’oncle Maurice supporta l’injustice comme il avait supporté le dédain ; méconnu par les hommes, il levait les yeux plus haut et se confiait au jugement de Celui qu’on ne peut tromper.

Il habitait dans le faubourg une vieille maison où logeaient des ouvriers aussi pauvres que lui, mais moins abandonnés. Une seule de ses voisines vivait sans famille, dans une petite mansarde où pénétraient la pluie et le vent. C’était une jeune fille pâle, silencieuse, sans beauté, et que recommandait seulement sa misère résignée. On ne la voyait jamais adresser la parole à une autre femme ; aucun chant n’égayait sa mansarde. Enveloppée dans un morne abattement comme dans une sorte de linceul, elle travaillait sans ardeur et