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vignes vierges plantées par Maurice. Alors même qu’elle gardait le silence, sa présence était une distraction pour le bossu, il entendait le cliquetis de ses longues aiguilles à tricoter, il apercevait ce profil doux et triste qui rappelait tant d’épreuves courageusement supportées ; il pouvait, de loin en loin, appuyer une main caressante sur ces épaules courbées et échanger un sourire !

Cette consolation devait bientôt lui être enlevée. La vieille mère tomba malade, et il fallut, au bout de quelques jours, renoncer à tout espoir. Maurice, éperdu à l’idée d’une séparation qui le laissait désormais seul sur la terre, s’abandonna à une douleur sans mesure. À genoux, près du lit de la mourante, il l’appelait des noms les plus tendres, il la serrait entre ses bras comme s’il eût voulu la retenir dans la vie. La mère s’efforçait de lui rendre ses caresses, de répondre ; mais ses mains étaient glacées, sa voix déjà éteinte. Elle ne put qu’approcher ses lèvres du front de son fils, pousser un soupir et fermer les yeux pour jamais !

On voulut emmener Maurice, mais il résista, en se penchant sur cette forme désormais immobile.