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les derniers bretons.

en cacher l’expression, pour arrêter court cet élan que des souvenirs glorieux avaient fait naître. Un peu de chevaleresque reconnaissance, quelque effusion de cœur, deux ou trois mots comme les Bourbons savaient parfois les dire, eussent attaché pour long-temps à la monarchie cette population palpitante ; mais la chaleur de la foule vint s’éteindre devant ce visage pâle et chagrin ; elle ne trouva, dans ces yeux rougis par les larmes, que l’expression d’un ennui méprisant. Cette femme qui ne parlait pas la langue du peuple, et qui, pour se faire comprendre de lui, aurait dû avoir recours au geste et au sourire, arriva muette et morne ; elle traversa la foule au galop de ses chevaux, sans un signe de tête, sans un salut de main, et on la vit passer ainsi, vêtue de noir, presque menaçante, et semblable à un reproche lugubre et vivant. Ce voyage fit plus de tort, dans le Mor-