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la bretagne et les bretons.

profita de cet instant pour s’emparer de la soule et fuir à travers la campagne.

On le poursuivit quelque temps, mais il gagna du terrain et perdit bientôt de vue les paysans. Leurs cris lui parvinrent encore quelques minutes à travers la brume du soir, puis ils changèrent de direction, s’éloignèrent et se perdirent. Chacun regardait la soule comme gagnée et se retirait. Le Pontivien s’arrêta un instant pour reprendre haleine, car tout son corps était brisé et douloureux. Jamais soule n’avait été disputée avec autant de persévérance. Après avoir tâché de ralentir les battemens de sa poitrine en s’étendant sur la terre froide, François se releva et recommença à courir vers un ruisseau qui séparait la commune de Stival de celle de Pontivy. Déjà il voyait les saules qui le bordaient ; son cœur battait