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la bretagne et les bretons.

Maintenant le jeu de la soule est presque entièrement abandonné en Basse-Bretagne. C’est seulement au pays de Vannes, parmi cette race batailleuse, que l’on retrouve encore cette coutume sauvage dans toute sa brutalité primitive. Une soule, dans le Morbihan, n’est pas un amusement ordinaire ; c’est un jeu chaud et dramatique, où l’on se bat, où l’on s’étrangle, où l’on se brise le crâne ; un jeu qui permet de tuer un ennemi, sans renoncer à ses pâques, pourvu que l’on prenne soin de le frapper comme par mégarde et d’un coup de malheur. Aussi Dieu sait quelle fête une soule est pour le pays ! C’est un jour d’indulgence plénière accordée à l’assassinat. Et quel est celui qui n’a pas quelqu’un à tuer ? comme me disait un jour un des souleurs les plus renommés. D’ailleurs, à défaut d’inimitiés privées, l’hostilité des paroisses suffit