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la bretagne et les bretons.

cette tempête, tandis que, debout sur la proue, il se penchait sur les flots, comme pour la méditation et la prière, sa tête entr’ouverte où l’on voyait briller le coutelas, et d’où le sang tombait goutte à goutte dans la mer. Enfin tous arrivèrent à l’abbaye sans malheur, et aussitôt les bateaux disparurent miraculeusement. Saint Gildas donna sa bénédiction à Bieuzy, après quoi celui-ci rendit son âme à Dieu, sans changer de posture, les mains croisées, et à deux genoux sur le seuil du monastère.

À l’île d’Artz, on aperçoit quelquefois, à ce que disent les habitans, de grandes femmes blanches qui sortent des îles voisines ou du continent, marchent sur la mer, et viennent s’asseoir sur le rivage. Là on les voit, tristes et penchées, creuser le sable avec leurs pieds nus, et effeuiller entre leurs