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les derniers bretons.

reconnaît dans cette fable la tradition celtique rapportée par Procope[1] ?

Vous le voyez, toutes ces superstitions sont druidiques. Les Celtes supposaient des génies unis à tous les élémens, à toutes les parties de la matière. Ils donnaient à quelques uns de ces gnomes le nom de dus, comme nous l’apprend saint Augustin[2]. Dans certains cantons de Bretagne, ils ont conservé à peu près le même nom ; on les appelle encore teus.

  1. Procope dit que les habitans des côtes de la Gaule, qui sont en face de l’Angleterre, étaient chargés de passer les âmes, et étaient pour cela exempts de tribut. Au milieu de la nuit ils entendaient heurter à leurs portes, ils se levaient, et trouvaient à la côte des bateaux vides en apparence et pourtant si chargés, que l’eau en touchait presque les bords supérieurs. Une heure leur suffisait pour arriver à la Grande-Bretagne, bien que, lorsqu’ils naviguaient dans leurs propres bateaux, ils pussent à peine faire ce trajet dans l’espace d’une nuit. (Procope, Goth, liv. iv, chap. 20.)
  2. Quosdam dæmones quos dusios Galli nuncupant. De civit. Dei, lib. xv, cap. 23.)