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poésies de la bretagne.

carnées ; toutce qu’il y a de plus mauvais et de plus détesté sur la terre, depuis que le démon n’y paraît plus. L’éducation, la charité évangélique, avaient bien pu adoucir, chez les prêtres bretons, cette détestation contre la nation maudite, mais non l’effacer entièrement. Ils souffrirent donc doublement sur la terre d’exil ; car ils souffrirent dans leur affection et dans leur haine. Ce fut. dans le but d’alléger le poids de ces maux de l’âme, que les pauvres proscrits se recherchèrent entre eux, et se réunirent pour se parler dans la langue de la patrie. L’ancien curé de Perros présidait à cette réunion, et ce fut avec lui, sous son inspiration, qu’ils composèrent le poème de la Révolution, dont nous allons parler. Ce poème est le cantique sacré de proscrits, c’est le Super flumina Babylonis d’un nouveau peuple de Dieu exilé sur un rivage étranger.