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les derniers bretons.

pour être des prêtres, ces hommes n’avaient pas cessé d’être Bretons. Ils n’avaient point perdu leurs préventions natales contre l’Angleterre, ils n’avaient point oublié que ce peuple, auquel ils venaient mendier l’hospitalité, était le même que, tout enfant, ils avaient appris à maudire ! car il faut avoir entendu prononcer ce nom du Saoyoit[1] sur nos grèves, pour comprendre quel bouillonnement de haine il éveille encore au cœur de nos Bretons. Un Anglais, pour eux, ce n’est pas un étranger, ce n’est même pas un ennemi ; c’est un Anglais. C’est cinq cents ans de pillage, de meurtre, de trahisons ; c’est le souvenir vivant des défaites navales de l’empire et des pontons de Portsmouth ; c’est la méchanceté et l’hérésie in-

  1. Saxon, c’est le nom que les Bas-Bretons donnent encore aux Anglais.