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poésies de la bretagne.

plus désespérés de ceux que l’on parquait ainsi dans la mort, eussent fait une trouée par laquelle ils s’échappèrent. Ils disparurent dans la nuit, avec des cris, des pleurs et des menaces, traînant avec eux leurs morts et leurs blessés. « Je vis une mère, m’a raconté le témoin de cette scène, passer près de moi, emportant sur chacun de ses bras le cadavre d’un enfant. Elle paraissait folle de douleur. Elle criait, elle bondissait échevelée à travers les sillons. Les deux têtes de ses enfans morts ballottaient sur ses deux épaules, comme les deux extrémités d’un bissac rempli. À la clarté du jour qui commençait, on voyait une trace de sang couler après elle. C’était à glacer le cœur. Je la vis passer, en courant, devant les premiers rangs de nos tirailleurs, un coup de feu partit ; elle tomba et ne se releva plus. Je pensai qu’on l’avait tuée, et je m’en ré-