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les derniers bretons.

Et tout entier à ce nouveau rêve, il va, il court le long des vallées, tout saisi et tout triste de sa joie ; il va écoutant le bruit des moulins, les chants des laveuses, les cris des enfans dans les vergers fleuris, et il se dit : — Voilà mon univers maintenant ; je suis de la terre aussi, maintenant ; j’aurai parmi ces femmes une femme qui chantera, parmi ces enfans des enfans qui joueront et crieront joyeusement ; je suis redevenu un homme. — Puis, à peine s’est-il réjoui dans son cœur à cette pensée, qu’un sourd reproche murmure en lui ; et il entend comme des voix d’anges qui lui rappellent ses projets d’autrefois. Elles lui vantent la paix d’une vie passée loin des durs travaux ; la douceur de la prière entremêlée aux actions pieuses : elles lui parlent du presbytère caché sous l’ombre de vieux noyers avec une vigne autour des fenêtres, une cour, un