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les derniers bretons.

vergondée, nerveuse, que les populations méridionales donnent à leur joie. C’est une gaieté à fond, une gaieté de pensées plutôt que de mots, et qui naît de la chose, jamais de la forme. Aussi, les chansons ont-elles une physionomie qui leur est propre ; on n’y trouve ni le coup de fouet final, ni les pointes aiguisées sur une double antithèse, ni les jeux de mots qui constituent le vaudeville français. Le genre bête-spirituel est aussi inconnu des Bretons. Leur gaieté est sérieuse ; il faut qu’ils sachent bien au juste pourquoi ils rient. Ils ne sont pas gais comme l’ouvrier parisien, par tempérament, par habitude, sans y songer ; ils sont gais logiquement, et parce qu’on a remué chez eux quelque idée plaisante. Ce ne sont pas des hommes à se payer d’un rapport de son et à s’amuser d’un jeu de mots. Rire est à leurs yeux une action, et il faut un motif raison-