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la bretagne et les bretons.

de ces harpies. Aucun mauvais portrait n’a déshonoré ses traits en public, et vous pouvez le parcourir sans craindre qu’un nom, un site, un lieu célèbre vous rappelle aucune de ces misérables parodies du moyen-âge ; vous pouvez souiller ses ruines sans qu’il vous vienne par réminiscence aucune fade et nauséabonde odeur d’in-octavo. Ici votre mémoire ne se heurtera qu’à l’histoire des

    Comper’, ains qu’avant la fin d’icelui jour, pleut au pays si abondamment que la terre et le bien en icelle en sont moult arrousés et moult leur profite. »

    M. Penhouet, qui donne ce renseignement, ajoute les réflexions suivantes qui nous paraissent fort justes :

    « Cette citation est très curieuse, car sous le voile de la fiction elle nous paraît cacher une cérémonie du Druidisme. On sait qu’antérieurement au christianisme, le culte des fontaines se liait à celui des pierres. Ici un seigneur de Monfort et du château de Comper n’a-t-il pas remplacé un prêtre de Bel, un druide qui s’adresse au dieu Balanton pour avoir de la pluie, et, pour cette cérémonie, prend de la fontaine sacrée l’eau dont il mouille la pierre. Cette pierre n’est-elle pas la représentation d’une divinité qui portait le nom de Balanton, par corruption Baranton ? En Angleterre les Romains avaient admis le dieu Balautnerate, que les Bretons traduisaient par Bal l’ancien, le Noir, l’Assyrien. »