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poésies de la bretagne.

arbora le drapeau fleurdelisé à ses créneaux, le vassal, qui n’avait plus à défendre cette vague et instinctive idée de nationalité, dut se désintéresser des affaires publiques. Les luttes politiques continuèrent en vain ; ce n’était plus pour lui que d’abstraites querelles nées de vanités ou d’ambitions individuelles. D’ailleurs tout se faisait sans choc d’armures, sans prouesses, sans éclat, sans rien de ce qui peut réveiller chez les masses le sentiment poétique. Qu’aurait donc eu à chanter le peuple ? Ce mouvement d’intrigues et de discussions politiques n’était plus de sa sphère ; il ne s’y mêlait plus. C’étaient des tempêtes ou des beaux jours que les puissans formaient au-dessus de sa tête, et dont il ne savait rien que lorsque la foudre ou le soleil avaient brillé. Il n’avait plus de patrie. Il se rabattit alors sur la famille ; et de là naquirent les guerz, destinés à célébrer des