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les derniers bretons.

s’en ferait une idée complètement fausse si on les jugeait d’après les misérables rapsodies françaises qui se psalmodient dans nos églises, sur des airs d’opéra. La valeur poétique du cantique breton n’est nullement inférieure à celle des autres chants celtiques. Cette différence est, du reste, facile à concevoir. Dans notre province, la poésie a conservé son premier caractère religieux, Dieu n’y est pas encore tombé dans le domaine du bout-rimé, et les grandes images du ciel et de l’enfer, du jugement et de l’éternité, n’ont point été abandonnées, avec les charades, aux muses de la rue des Lombards. Nos poètes les plus habiles sont des chrétiens fervens qui se font gloire de célébrer leurs croyances. Chaque canton a son David en sabots qui chante et qui prie. Aussi les cantiques bretons sont-ils innombrables. Du reste, revêtant toutes les for-